La Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale va donner ce mercredi 26 février le coup d’envoi des débats sur la réforme de l’audiovisuel. Ce projet de loi est une opportunité d’enfin concrétiser la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de règlementer la publicité et le marketing qui ciblent les moins de 16 ans pour des produits trop sucrés, trop gras, trop salés, à la télévision mais aussi sur tous les autres supports électroniques.
Il est urgent d’agir, car aujourd’hui en France 1 enfant sur 6 est en surpoids ou obèse, et la Direction générale du trésor estimait déjà en 2012 le coût social de la surcharge pondérale à 20 milliards d’euros par an…
Face à ce constat, deux réponses s’opposent : la première, portée par tous les experts, prône une loi pour encadrer efficacement ces pratiques et interdire publicité et marketing qui ciblent volontairement les jeunes pour des produits trop sucrés, trop gras, trop salés. La seconde voudrait faire croire que de simples engagements volontaires des entreprises de l’agroalimentaire pourraient suffire à limiter l’exposition des enfants au matraquage publicitaire et marketing de la malbouffe.
Or plusieurs études ont montré que les engagements volontaires n’étaient pas du tout efficaces pour assurer une prévention de la publicité et du marketing ciblant les enfants pour des aliments déséquilibrés. C’est aussi la conclusion du rapport de la Cour des comptes sur la prévention et la prise en charge de l’obésité de novembre 2019 : « La France devrait se doter d’une régulation normative de la publicité pour enfant ».
Le gouvernement joue en fait un double jeu : il reconnaît le problème puisqu’il inscrit un article dans le projet de loi de réforme de l’audiovisuel, mais tue dans l’œuf toute possibilité de mesures efficaces en faisant le choix de laisser carte-blanche aux industriels. L’article 54 « prévoit l’adoption de codes de bonnes conduite » de la part des acteurs de l’industrie agroalimentaire qui seraient ainsi censés s’autoréguler. Pour foodwatch, cette proposition n’est pas sérieuse.
« Comment peut-on oser écrire dans une loi qu’on compte sur la bonne volonté des géants de la malbouffe pour protéger les enfants du matraquage publicitaire et marketing ? C’est aberrant. On a déjà démontré avec des cas concrets comme Lu et Caprisun qu’ils ne tiennent pas ce genre de promesse. Et une loi est censée mettre des règles pour protéger les citoyens, pas donner carte blanche aux entreprises. », insiste Karine Jacquemart, directrice générale de foodwatch France.
Des député.e.s de plusieurs groupes avaient déjà porté cet objectif d’encadrer efficacement la publicité et le marketing qui ciblent les enfants pour des produits trop sucrés, trop gras, trop salés dans des projets de loi, notamment la loi EGALIM en 2018, mais la majorité les a alors bloqués.
Auront-ils cette fois le courage politique de voter cette mesure essentielle pour protéger les enfants et leur santé ? Pour foodwatch ce serait un vrai scandale de ne pas saisir l’occasion de ce projet de loi.