
Sur ces photos : le sponsoring de Coca-Cola est criant, notamment lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne à Bucarest. « The Coca-cola system proudly supports the first Romanian EU Council presidency » ou encore « The Coca-Cola system welcomes you to beautiful Romania ». Sources : tweets des journalistes allemands Stefan Leifert, (ZDF, correspondant à Bruxelles) et Markus Preiß (ARD).
La Roumanie exerce la présidence du Conseil de l'Union européenne depuis janvier 2019, pour six mois. Des journalistes allemands de la ZDF et de l'ARD ont déjà exprimé leur surprise de voir Coca-Cola bien en vue en tant que sponsor, notamment lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne à Bucarest le 31 janvier dernier. Les participants ont été accueillis avec des panneaux indiquant que « Le système Coca-Cola soutient fièrement la première présidence roumaine du Conseil de l'UE ». Il y avait aussi des poufs Coca-Cola, des pancartes publicitaires et bien sûr des boissons. Coca-Cola est l'un des rares partenaires « platine » de la présidence roumaine de l'Union européenne ; une relation que la Roumanie décrit comme un ‘partenariat’. L'organisation des brasseurs de bière roumains Berarii et d'autres entreprises sponsorisent également la présidence. Coca-Cola n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle avait sponsorisé la présidence polonaise en 2011.
« Ce parrainage par Coca-Cola de l'une des principales instances politiques d'Europe est tout simplement choquant. Les conflits d’intérêts et l’influence d’un tel sponsoring par un poids lourd de la malbouffe sur l’agenda politique européen et, en fin de compte, sur le contenu de nos assiettes sont inacceptables », s’insurge Karine Jacquemart, directrice générale de foodwatch France.
La stratégie de Coca-Cola, qui a fait l'objet d'une fuite en 2016, montre qu'elle a l'intention de riposter à des mesures d’intérêt général qui iraient contre ses intérêts, comme une éventuelle taxe sur le sucre en Europe. Or justement au cours des prochains mois, les responsables politiques de l'Union européenne doivent examiner par exemple la révision de la législation alimentaire, ainsi que l'importante question de l'étiquetage nutritionnel sur les emballages des denrées alimentaires. Pour foodwatch, ce type de parrainage s'inscrit dans une stratégie de lobbying pour contrer la mise en œuvre de telles mesures.
« foodwatch milite pour une politique européenne vraiment démocratique. Il est temps de donner la priorité aux intérêts des citoyens. Le lobbying, le parrainage et l'influence de l'industrie alimentaire doivent donc cesser, d'autant plus en cette période où la confiance dans la politique et les décideurs est de plus en plus remise en question », poursuit Karine Jacquemart.
foodwatch demande donc de mettre fin au sponsoring avec Coca-Cola et d'autres entreprises privées pour la présidence roumaine, et de mettre en place pour les futures présidences une politique comportant des règles claires pour garantir que de tels parrainages et conflits d’intérêt ne se reproduisent pas.